L’Efféminisme Révolutionnaire, New York, 1972

fhar-journalTraduction d’un tract distribué par les efféministes révolutionnaires à New York le 26 juin 1972 parue dans Antinorm numéro 2 (journal « des groupes » du FHAR, février mars 1973).

Le Mouvement de l’Efféminisme Révolutionnaire

L’Efféminisme Révolutionnaire est un nouveau mouvement politique en train de se former grâce aux pédés de tout le pays qui veulent lutter contre leur propre sexisme masculin et contre leur oppression. C’est la fois une analyse est un plan d’action.

Pendant ces dernières années, des pédés ont développé l’analyse efféministe en lisant et en écoutant l’analyse féministe du sexisme et de la virilité fasciste, et, au sein de petits groupes, en se parlant de leur oppression et de leurs rôles oppresseurs. Nous reconnaissons deux choses fondamentales, en nous :
1) en tant que pédés, nous sommes opprimés par le sexisme qui assigne à chacun une place, suivant son sexe, dès l’enfance ;
2) en tant qu’hommes, nous sommes des chauvinistes mâles et, par conséquent, nous opprimons toutes les femmes.

Nous reconnaissons que dans la lutte contre notre oppression, nous ne devons pas opprimer les femmes, car nous voulons la fin de toute oppression. Ainsi, nous luttons pour la fin de tous les privilèges que nous avons en tant qu’hommes et nous luttons pour nous déviriliser sans, d’aucune façon, parodier les femmes. D’une façon nouvelle, nous luttons pour être enragés et militants face à notre oppression, sans être compétitifs, dominateurs… masculins. Nous nous efforçons de ne jamais rien faire qui s’oppose à la lutte féministe, et de ne jamais essayer de définir cette lutte à la place des femmes. Nous nous rendons compte que les pédés – et tous les autres – ne seront libres qu’au moment où la virilité fasciste sera détruite.

Notre lutte pour nous déviriliser signifie beaucoup de choses :
– ressentir nos émotions et lutter pour changer celles qui oppriment les autres (par exemple, des sentiments misogynes, racistes) ;
– apprendre à pleurer ;
– se rendre vulnérable aux autres ;
– devenir sensible aux sentiments des autres ;
– apprendre à partager ;
– apprendre à critiquer et à se critiquer.

En outre, il y a beaucoup de choses que nous, en tant que pédés, nous pouvons faire pour lutter contre la virilité fasciste telle qu’elle se manifeste au dehors :
– s’occuper des enfants ;
– apprendre à ne plus détester nos mères ;
– apprendre à ne plus nous allier avec nos pères ;
– attaquer les institutions masculines, nos ennemies… l’Église, la psychiatrie, le capitalisme, la pédagogie ;
– attaquer les organes de la culture (masculine) sexiste : cinémas, journaux ;
– apprendre à voir combien la « contre-culture » est une nouvelle manifestation du chauvinisme mâle ;
– apprendre à se défendre. On en aura besoin.

« The Gay Liberation » est un complot sexiste. Commencez à le miner, bâtissez l’Efféminisme Révolutionnaire.

New York, juin 1972.

Effeminism

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