Abû Nuwâs, poésie arabe

أبو نواس الحسن بن الهانئ الحكمي

Abû Nuwâs  est un poète arabo-persan, né entre 747 et 762 à Ahvaz (Iran actuel), mort dans sa cellule à Bagdad (Irak actuel) en 815.

A l’heure où l’islamophobie et l’homophobie nous inondent de leur odeur nauséabonde, ses textes intemporels nous amènent un peur d’air frais du Moyen-Âge…

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M’aimes tu 

Quand j’ai vu ce beau jeune homme
il riait à belles dents

Nous étions tous deux, en somme,
seuls avec Dieu, cependant, 

Il mit sa main dans la mienne
et me fit tout un discours. 

Puis me dit:” Est-ce que tu m’aimes?”
“Oui, au-delà de l’amour”

“Donc, dit-il , tu me désires?”
“Tout est désirable en toi”

“Crains Dieu alors, oublie-moi!”
“Si mon cœur veut m’obéir.”

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L’amour en fleur 

Je meurs d’amour pour lui, en tous points accompli
et qui se perd en attendant de la musique

Mes yeux ne quittent pas son aimable physique
sans que je me merveille à le voir si joli. 

Sa taille est un roseau, sa face est une lune
et sa joue en feu ruisselle la beauté

Je meurs d’amours pour toi, mais garde mon secret:
le lien qui nous unit est une corde sûre. 

Que de temps il fallut, pour te créer, aux anges!
tant pis pour les envieux : je chante ta louange.

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Me tuera-t-il? 

Ses larmes coulent sur les roses de ses joues
parce que je l’ai embrassé à l’improviste.
Mais quand je lui tendis un verre, déjà ivre,
il défit sa ceinture en faisant un mou.
Malheur à moi, quand il sortira du sommeil
de l’ivresse! Me tuera-t-il à son réveil?
Pour, des yeux, me punir de sa mésaventure?
N’ai-je pas dérangé le nœud de sa ceinture?

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Au bain maure 

Ce que les pantalons ont caché se révèle.
Tout est visible. Rince toi l’œil à loisir.

Tu vois une croupe, un dos mince et svelte
et rien ne pourrait gâcher ton plaisir.

On se chuchote des formules pieuses…
Dieu, que le bain est une chose délicieuse!

Même qu’en venant avec leurs serviettes,
les garçons du bain ont troublé la fête.

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Pour si peu 

Je lui demande quelque chose
“Oh non, j’ai honte” m’a-t-il dit,
“Va voir un autre et propose
ce que nos pères ont interdit”

Je lui dis: “Je ne veux rien d’autre.”
“C’est mal, dit-il, c’est une faute.”
Et il voile sa jeune peur
D’un pan d’étoffe des ses pleurs. 

 

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