[actu] Istanbul : les anti-émeutes chargent la gay pride

istanbulLa police anti-émeutes turque a violemment réprimé dimanche 28 juin la Gay Pride d’Istanbul, lançant des gaz lacrymogène et utilisant des canons à eau pour disperser des milliers de manifestants rassemblées dans le centre. (mis à jour)

publication du site Kedistan :

Décidément Tayyip n’aime pas les pédés, les gouines, les trans et tout ce qui ne lui ressemble pas, et en mois de Ramadan encore moins…

Ce sympathique journée de dimanche devait marquer la fin de la Semaine des Fiertés d’Istanbul, organisée pour la 23ème fois. La gay pride, temps fort de cette semaine d’actions LGBTI était donc sur le point de démarrer à 17h. Des dizaines de milliers de manifestants s’impatientaient sur le lieu de rendez-vous à Taksim, et d’autres continuaient à les rejoindre. Des drapeaux arc en ciel flottaient, les pancartes et banderoles préparées d’avance exposaient des slogans plein d’humour.

Et là, surprise !

Le comité d’organisation apprend que la Préfecture d’Istanbul avait interdit la gay pride au dernier moment, sans aucune annonce préalable. Pourtant cette marche était prévue et organisée depuis des mois.

Si la police anti-émeutes était largement déployée, parée de projectiles lacrymogènes, canons à eau et balles en caoutchouc ce n’était pas pour rien. C’etait pour faire la fête de cette joyeuse foule, venue parler de l’égalité des droits, revendiquer la liberté, chanter l’amour.

La répression policière fasciste a chargé les couleurs arc-en-ciel, la joie, l’humour et l’enthousiasme.

Le comité organisateur disait dans un communiqué publié aussitôt :

La 13ème marche LGBT qui devait débuter à 17h à Taksim, a été subitement déclarée “interdite” par la Préfecture, en prétextant le Ramadan. La police charge des dizaines de milliers de personnes avec des balles en caoutchouc, gaz lacrymo et canons à eau. Toutes les rues menant vers Taksim et l’avenue Istiklal sont bloquées. Nous appelons le Préfet d’Istanbul, Vasip Şahin, à respecter la Constitution et cesser expressément les attaques ainsi que faire une déclaration publique. Nous invitons tous les participants à garder leur position et attendre à Beyoglu, jusqu’à ce que la marche démarre. Nous appelons nos ami(e)s et soutiens qui ne sont pas sur place à protester là où ils se trouvent, en faisant du bruit avec des casseroles. NOUS SOMMES LA ! NOUS NE PARTIRONS PAS ! HABITUEZ VOUS ! L’amour gagnera ! ‪#‎GelYanima‬ Comité de la 23ème Semaine des Fiertés d’Istanbul

Comme la répression policière n’était pas suffisant, un groupe de civils, nationalistes et islamistes qui s’étaient groupés près de l’avenue Istiklal, ont attaqué les journalistes venus couvrir l’événement, devant les yeux des policiers. Plusieurs d’entre eux ont été blessés, dont un photographe de l’AFP. Une vidéaste également de l’AFP qui filmait la violente intervention des policiers, a été brutalisée par ces derniers. Aux alentours de Taksim, notamment dans le quartier Tophane, des petits groupes de manifestants isolés ont été attaqués par des civiles.

Sommes-nous vraiment surpris ?

Pas vraiment…

Dans un pays où le patriarcat opprime, l’obscurantisme abrutit, le fascisme réprimande, les amoureux de la liberté ont du pain sur la planche. Mais rassurez-vous ils ne chaument pas. Ils luttent avec toute leur force, leur coeur et leur cerveau. Ils utilisent tous les moyens avec humour, créativité et courage. Il va falloir que ceux qui ont la trouille de la liberté s’y habituent. “L’amour gagnera” !

Pour vous mettre au parfum lacrymo stanbouliote… Voir ici quelques vidéos filmées par l’activiste photographe Zafer Kara…

Dépêche fr :

Lorsque des manifestants ont scandé des slogans dénonçant « le fascisme » du régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la police, présente en nombre à l’entrée de la grande artère piétonne d’Istiklal, a chargé la foule, utilisant par endroits des balles en caoutchouc.

Avant le lancement de la marche, de nombreux policiers en tenue ont fermé l’accès à la place Taksim, sur laquelle s’ouvre la rue d’Istiklal, centre de la contestation contre le régime islamo-conservateur de l’été 2013.

Depuis, tout rassemblement est interdit sur la place et ses abords. Un groupe de civils, apparemment des nationalistes et islamistes qui s’étaient réunis près d’Istiklal, là où devait avoir lieu la marche, ont attaqué les journalistes couvrant l’événement, blessant légèrement plusieurs d’entre-eux dont un photographe de l’AFP.

La police n’a pas bronché à cette agression, selon les témoins et les médias. Une vidéaste de l’AFP a, quant à elle, été brutalisée par la police alors qu’elle filmait son intervention musclée. Au moins cinq manifestants ont été interpellés par la police.

Pourtant cette marche devait constituer la 13è édition de la marche des fiertés homosexuelles pour soutenir les droits des LGBT qui s’étaient dans le passé déroulées sans incidents graves en Turquie, où l’homophobie reste répandue, surtout dans les zones rurales.

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« Nous voulions simplement marcher. Cela fait des années que nous marchons ici en paix. nous n’avons ni pierre ni arme, nous voulons juste marcher », a expliqué, très incrédule, à l’AFP Can, un jeune militant LGBT. « Et maintenant ils tirent du gaz sur nous sans aucune impunité », a-t-il regretté.

Cette année, la manifestation a coïncidé avec le mois musulman du Ramadan. Des députés de l’opposition social-démocrate au Parlement qui assistaient au début de la marche ont voulu négocier avec la police et l’un d’eux, Mahmut Tanal, du parti républicain du peuple (CHP) est monté sur un véhicule blindé de la police, selon les images diffusés par les médias.

De nombreux internautes ont fait part de leur indignation après la dispersion de la marche. « Attaquer des gens qui défilent pour soutenir l’amour n’a pas de place dans la démocratie. C’est tout simplement une honte », a lancé sur son compte Twitter Erdem Yener, un comédien connu de Turquie.

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« Aucune quantité d’eau ne peut effacer les valeurs universelles d’égalité, de fierté, de diversité et d’espoir incarné par le drapeau arc-en-ciel », symbole de la communauté homosexuelle, a pour sa part écrit la romancière Elif Shafak.

La place de Taksim est devenue le symbole de la contestation contre Recep Tayyip Erdogan et de son régime pendant près d’un mois en 2013. Un mouvement, réprimé par la police, qui avait gagné toute la Turquie pour dénoncer la dérive conservatrice de l’homme fort du pays. La communauté LGBT était à l’avant front du mouvement qui s’était soldé par la mort de huit personnes.

(Source AFP)

Vidéo

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