[actu] Existrans 2014 : fête et défaite des trans et des intersexes ?

L’Existrans 2014, c’était le 18 octobre.

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« La France, comme d’autres pays d’Europe, dégringole vers les idéologies réactionnaires, naturalistes et misogynes. Chaque nouvelle indignité de la majorité nous fait craindre plus encore qu’auparavant celles et ceux qui lui succèderont. Le nationalisme est une menace pour les trans, tout comme il constitue un danger pour les séropositifVEs. »

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(…) nous exigeons :

  • Le changement d’état-civil libre et gratuit devant un officier d’état-civil, sans condition médicale (ni stérilisation ni suivi psychiatrique), sans homologation par un juge
  • Le libre choix des parcours médicaux, sur la base du consentement éclairé, avec le maintien des remboursements en France et à l’étranger
  • Le démantèlement des équipes et protocoles hospitaliers et la formation des médecins et chirurgiens français pour un suivi médical de qualité, respectueux et dépsychiatrisé
  • La formation et la sensibilisation des personnels en contact avec les personnes trans et Intersexes (santé, éducation, social, administratif, justice, prisons, etc), en lien avec les associations trans et Intersexes
  • La mise en place de mesures pour favoriser l’accès au monde du travail et aux études et pour protéger les salariéEs trans et Intersexes
  • Le financement de campagnes de sensibilisation, en collaboration avec les associations trans et Intersexes, pour lutter contre la transphobie et pour la visibilité des Intersexes
  • Le financement de la recherche et de la communication sur la santé des personnes trans et Intersexes et de leurs partenaires (VIH/sida, hépatites, IST, effets des traitements à long terme, interactions médicamenteuses, etc)
  • L’abandon des projets de lois contre le travail du sexe précarisant et mettant en danger les personnes trans et Intersexes concernées et l’abandon de tout projet visant à pénaliser les clientEs
  • Le respect des droits humains pour les personnes trans et Intersexes en milieu carcéral
  • La reconnaissance et la prise en compte de l’extrême fragilité sociale des personnes trans et Intersexes migrantEs sans papiers dans les demandes de régularisation
  • La prise en compte par les médias du kit de l’Association des Journalistes LGBT (AJL) pour le respect des personnes trans et Intersexes
  • L’arrêt immédiat des opérations et des mutilations sur les enfants Intersexes, l’accompagnement psychologique de leurs parents et l’accompagnement à l’auto-détermination des Intersexes, conformément à la résolution 1952 (2013) du Conseil de l’Europe pour le droit des enfants à l’intégrité physique
  • L’accompagnement des enfants et adolescents dans leur autodétermination, y compris le respect et la protection de toute expression de genre, le respect des prénoms et genre choisis, notamment dans le cadre scolaire, l’accès sur la base du consentement éclairé aux traitements hormonaux et/ou bloquant la puberté, comme aux autres traitements ou opérations, et l’accès au changement d’état-civil

(…)

Sans aucun droit, stigmatiséEs et maintenuEs dans un système violent, discriminant, et injuste, les personnes trans et intersexes restent soumiSEs à l’arbitraire médical et juridique, à la psychiatrisation et à la pathologisation, à la stérilisation ou à la non reconnaissance légale de leurs identités.

 

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Extrait d’un article sur le site Contrepoints :

« Intersexe, avec un ‘i’ comme ‘invisible’

Pour les personnes intersexes, (…) juges, fonctionnaires de l’état civil et requérants font face à un flou total, la loi ne reconnaissant ni l’existence de sexe variable, plus ou moins « intermédiaire » ou absent, ni la possibilité d’un genre autre ou ambigu. Un manque souligné par l’évolution des autres pays de l’Union Européenne : ainsi outre-Rhin il est possible d’être reconnu à la naissance comme relevant d’un troisième genre, ni féminin ni masculin, depuis le 1er novembre 2013. Mais même cette avancée ne suffit pas à couvrir la complexité de la réalité : seule une partie de la cinquantaine (environ) de conditions d’intersexualité connues, dont beaucoup restent très sous-diagnostiquées même aujourd’hui, sont visibles à la naissance, les autres n’étant décelables qu’à la puberté ou à l’âge adulte.

Dans les cas décelés à la naissance, en dehors de rares complications mettant en péril leur santé, les nouveau-nés sont souvent opérés pour « normalisation génitale » dans un pur souci de confort social et cosmétique pour les parents (souvent très mal informés des conséquences par les médecins). Au prix, pour les victimes de telles réassignations sexuelles forcées, d’une perte de fonction sexuelle voire reproductrice, et d’effets secondaires néfastes (risques infectieux accrus, cicatrices importantes), quand ils ne se voient pas carrément assignés un genre qui ne leur correspond pas.

Pour toutes ces raisons, Existrans réclame comme l’OII l’arrêt de ces opérations de normalisation, afin de laisser les enfants se développer le plus naturellement possible et décider par eux-mêmes, une fois en âge de choisir, s’il y a lieu d’intervenir.

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Communiqué d’Act Up-Paris :

Act Up-Paris sera présente ce samedi 18 octobre à l’Existrans, la marche des trans et intersexes et de celles et ceux qui les soutiennent.

Au-delà du plaisir de nous retrouver, de marcher et d’être visibles, ensemble, cette marche est proprement désolante. Elle entérine une défaite.

En 2006 déjà, à la suite d’une action d’Act Up-Paris, François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, assurait qu’il était favorable au changement d’état civil libre et gratuit.

Il s’engageait également à une réelle politique de lutte contre le sida chez les personnes trans, notamment en encourageant la recherche sur la santé des trans séropositives et par la mise en place de campagnes de prévention ciblées et vigoureuses.

Après bientôt deux ans et demi de mandat, qu’en est-il aujourd’hui ?

Les réactionnaires de tous poils et de toutes obédiences sont sortiEs de leurs égoûts. Le gouvernement, effrayé de risquer la perte de quelques soutiens, se terre dans l’inaction, ne mentionnant notre existence qu’à de rares occasions, dont l’apparente sollicitude masque mal le mépris.

Lorsque, pétrie de fantasmes transphobes, une part grossissante de l’opinion s’inquiète de la « théorie du genre », le gouvernement se fait conciliant : il n’est pas question d’encourager les élèves des écoles à commencer une transition. Nous voilà rassuréEs !

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Le gouvernement n’a pas déposé de projet de loi facilitant le changement d’état-civil. De temps à autres, quelques parlementaires s’attellent à la question. Dire que le résultat n’est pas à la hauteur est un euphémisme : les propositions de loi qui en découlent nous mettent directement en danger, comme celle qui proposait que les changements d’état-civil soient publiés au Journal Officiel ! Le récent retour du Sénat à droite rend encore plus improbable l’adoption d’une loi qui n’aille pas de pair avec l’institutionnalisation des violences contre tout ou partie d’entre nous.

Lourde défaite. Le changement d’état civil libre et gratuit, sans condition d’opération ou de traitement hormonal ni de test de vie réelle, sans passer devant un juge, aurait permis, sans pour autant les faire disparaître, d’atténuer les violences, discriminations et exclusions auxquelles nous faisons face.

L’état-civil est un vecteur essentiel de notre exclusion sociale : il pèse un poids très important dans l’échec scolaire, universitaire, dans l’extrême difficulté de l’accès à l’emploi, dans les violences récurrentes au sein des institutions médicales. Ces déboires législatifs ne doivent pas être notre seule préoccupation : les gouvernements reculent, le VIH et les IST avancent.

Les femmes trans sont en France un des groupes les plus touchés par l’épidémie de sida. La prévalence parmi elles équivaut à plusieurs dizaines de fois celle de la population générale, et s’élève à plus d’un tiers parmi les femmes trans migrantes ayant exercé le travail du sexe.

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Si cela ne suffisait pas, des chiffres inquiétants nous parviennent de divers hôpitaux : les autres IST se répandent. Sur une file active de personnes trans traitées pour le VIH, ce sont ici 31 %, là-bas 51 % d’entre elles qui doivent en plus faire face à la syphilis. Une syphilis, une hépatite, une gonorrhée multi-résistante sur un sida sont autant de difficultés supplémentaires dans le parcours de soin. Difficultés que seul le préservatif permet pour l’instant d’éviter.

De campagnes de prévention vigoureuses et ciblées, nous n’entendons pas parler. Elle existent pourtant dans d’autres pays : les pouvoirs publics français sont à la traîne, tant ils craignent de froisser l’opinion publique, ou rechignent à attribuer des financements suffisants pour permettre une diffusion optimale des rares campagnes existantes.

La France, comme d’autres pays d’Europe, dégringole vers les idéologies réactionnaires, naturalistes et misogynes. Chaque nouvelle indignité de la majorité nous fait craindre plus encore qu’auparavant celles et ceux qui lui succèderont. Le nationalisme est une menace pour les trans, tout comme il constitue un danger pour les séropositifVEs. Une menace à laquelle le gouvernement nous expose chaque jour un peu plus, et un danger dont une loi, bien que nécessaire, ne nous protègera pas.

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C’est pour cela, et parce que nous savons combien les violences et discriminations nous rendent vulnérables face au virus, que nous le répétons : plus que jamais nous devons rester solidaires, soudéEs, organiséEs, nous parler, constituer des réseaux… arracher des conquêtes.

(ActUp-Paris)

Photos Naïel

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