En finir avec le placard, brochure

prisongay

Recueil de textes de prisonnièrEs politiques LGBT américainEs et de groupes queer de soutiens aux prisonnierEs.

brochure

LA BROCHURE AU FORMAT PDF :

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« Les militant.e.s (radicaux) de la fin des 1980s et des 1990s doivent se réapproprier l’histoire de la résistance qui a éclos, puis s’est poursuivie tout au long des 1970s et des 1980s. Tant que le gouvernement et les médias continueront de définir qui et quoi est important, les vraies leçons contenues dans nos expériences et celles des autres seront perdues. Les gens n’ont pas entendu parler de nous (sauf un vague souvenir de gros titres – et encore) parce qu’il y a une vraie stratégie gouvernementale de contre-insurrection pour enterrer les révolutionnaires qui ont été capturé.e.s. Je suis en prison depuis six ans, et j’ai passé plus de la moitié du temps à l’isolement ou dans des quartiers d’isolement à des milliers de kilomètres de ma communauté et de ma famille. Mon expérience ressemble à celle des 100-150 prisonnier.e.s politiques aux USA. Si les individus de différents mouvements (c’est-à-dire, les noir.e.s, les portoricain.ne.s, les amérindien.ne.s et les mouvements blancs qui ont vu la nécessité d’organiser la résistance à l’oppression) sont détruits, c’est une façon de délégitimer les revendications de ces mouvements. Je suis en prison depuis six ans, et j’ai passé plus de la moitié du temps à l’isolement ou dans des quartiers d’isolement à des milliers de kilomètres de ma communauté et de ma famille. Mon expérience ressemble à celle des 100-150 prisonnier.e.s politiques aux USA. Si les individus de différents mouvements (c’est-à-dire, les noir.e.s, les portoricain.ne.s, les amérindien.ne.s et les mouvements blancs qui ont vu la nécessité d’organiser la résistance à l’oppression) sont détruits, c’est une façon de délégitimer les revendications de ces mouvements. »

« Quand les opprimé.e.s se battent pour la liberté, en utilisant des moyens violents parmi d’autres moyens, alors je pense qu’il faut les soutenir. Auriez-vous condamné des esclaves africain.ne.s aux USA pour avoir tué leurs maitre.sse.s ou pour avoir usé de violences dans leur combat pour la liberté ? Pour moi, la question est comment nous combattons effectivement – et humainement – pour l’émancipation. En construisant la lutte, nous devons être capable d’autocritique et autant conscient.e.s de comment nous luttons que de pour quoi nous luttons. Mais je pense aussi que nous devons nous battre pour gagner – et je pense que ça veut dire s’engager dans un combat pour le pouvoir. »

« C’est important pour notre mouvement de se préoccuper de tou.te.s les prisonnier.e.s, et je pense que c’est tout particulièrement important pour le mouvement gay et lesbien que nous nous occupions de lutter contre les attaques à l’encontre des prisonnier.e.s gays/lesbiennes et de soutenir tou.te.s les prisonnier.e.s infecté.e.s par le VIH. Se préoccuper de tou.te.s les prisonnier.e.s et du rôle répressif et d’enfermement qu’a la prison dans notre société est une autre façon de se battre contre le racisme, puisque la majorité des prisonnier.e.s viennent de communautés du Tiers Monde. Les prisonnier.e.s sont enfermé.e.s – loin des yeux, loin du coeur – et les rares droits qui ont été obtenus dans les luttes menées par les prisonnier.e.s sont réduits ou sapés. Les droits humains sont quasi-inexistants en prison, et s’il n’y a pas de soutien communautaire ni de conscientisation, le gouvernement peut continuer son escalade dans sa politique répressive, et les conditions vont continuellement empirer. C’est tout particulièrement vrai pour les prisonnier.e.s infecté.e.s par le VIH, puisque la stigmatisation du SIDA est encore pire en prison que dans le reste de la société. Les prisonnier.e.s infecté.e.s par le VIH meurent plus rapidement que les malades dehors car les traitements sont intermittents et limités, et les conditions de vie sont si mauvaises. Donc je ne dirais jamais aux gens de soutenir les prisonnier.e.s politiques comme si c’était opposé au soutien des autres prisonnier.e.s. Il n’y a pas de contradictions entre nos intérêts en prison. »

« Je crois que toute lutte venant d’abord de « gens blancs de la classe moyenne » risque de ne pas être pertinent si elle ne s’allie pas avec les luttes des personnes opprimées. Dans ce pays, nous avons vu souvent des populations déjà privilégiées être soudoyées. Quand cela arrive, non seulement les choses restent pareilles, mais elles empirent. Mais au-delà de ça, je ne pense pas qu’on puisse être vraiment des êtres humains si on ne se bat pas pour tou.te.s les opprimé.e.s. Sinon, notre lutte est aussi individualiste et raciste que le reste de la société dominante. Dans ce cas, nous ne gagnerons rien qui vaille de mener une lutte. Je pense que le mouvement queer doit discuter avec les autres mouvements et les autres communautés afin de trouver des stratégies communes et de comprendre comment nous soutenir mutuellement. Je pense que nous avons besoin de parler aux groupes qui luttent pour la libération nationale afin de définir notre agenda politique et notre stratégie – par exemple, quelles revendications devons nous porter dans la lutte contre le VIH qui puissent aider les autres communautés luttant contre le VIH ? C’est une lutte, pas forcément un processus facile, mais c’est crucial. C’est vrai également que notre mouvement a déjà appris des autres mouvements – souvent sans même le réaliser ou le reconnaitre. Nous avons en particulier assimilé des concepts stratégiques développés (au prix cher) par la lutte de libération noire, depuis le mouvement des droits civiques jusqu’au Black power et à la lutte pour les droits humains. Ce n’est pas par hasard que les leaders de Stonewall* étaient des gays et des lesbiennes du Tiers Monde. Je pense donc qu’il est important de reconnaitre, quand se pose la question des alliances et des coalitions, que nous n’avons pas besoin d’« inclure » les autres gens – nous avons besoin de nous allier avec eux.elles, d’apprendre d’eux.elles, et de nous battre à leurs côtés. Nous devons les soutenir. Et nous devons nous battre pour eux.elles comme pour nous, car dès que nous acceptons les divisions ou ignorons l’urgence de lutter contre le racisme, nous perdons. »

« Le mouvement homosexuel tel qu’il est aujourd’hui constitué est réapparu depuis que je suis en prison, donc je n’ai pas participé à son développement. Je ne pense pas que le mouvement homosexuel soit pertinent pour les autres personnes oppressées et pour les luttes que celles-ci mènent sans une analyse anti-impérialiste des racines de l’oppression des homosexuel.le.s et donc, une pratique qui mette en place un changement. En d’autres termes, un mouvement conduit par des hommes blancs de la classe moyenne – même ceux opprimés en raison de leur orientation / identité sexuelle – qui n’accorderaient pas du pouvoir (au sein du mouvement) à des hommes et des femmes du Tiers Monde, en s’occupant de leur agenda politique, ne sera jamais qu’un mouvement réformiste. Un mouvement pour les droits des homosexuel.le.s qui ne lutte pas pour les droits (humains et démocratiques) de ceux.celles dans le besoin, en particulier ceux.celles qui sont oppressé.e.s en tant que nationalité, installe une compétition entre les luttes plutôt qu’une opposition radicale et cohérente au gouvernement. »

« Les hors-la-loi sexuels de toutes sortes ont toujours lutté pour une transformation radicale de la société. Par exemple, des gays noirs ont été des leaders et des participants clés de la lutte pour les droits civiques, depuis Bayard Rustin jusqu’à James Baldwin. Et depuis les émeutes de Stonewall* de 1969, des milliers de lesbiennes, de gays, de bisexuel.le.s, de personnes transgenres et à deux spiritualités ont participé, en étant out, à toutes les grandes luttes pour la justice sociale. Depuis les mouvements contre la guerre du Vietnam et pour la libération des femmes des années 1960 et 1970 jusqu’aux mouvements contre l’apartheid et pour l’indépendance de Porto-Rico dans les années 1980 et 1990, pour ne citer que quelques exemples, les queers ont été là, à la fois en tant qu’individus et en tant que groupes, revendiquant fièrement nos sexualités. »

« Quiconque est soucieux.se de la lutte des queers et contre le VIH devrait aussi être scandalisé.e de l’imminente exécution de Mumia. Beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience de violences policières violemment homophobes et sérophobes* à l’égard de nos mouvements. L’injustice à l’égard de Mumia se nourrit de son histoire comme journaliste et comme militant engagé contre les violences policières, et son appartenance antérieure au Black Panther Parthy a été utilisée pour inciter le jury à le condamner à mort. Cela en fait un cas emblématique. Si Mumia peut être exécuté sans avoir eu un procès équitable, c’est un précédent dangereux qui autoriserait une intensification de la répression contre toutes les sortes de militant.e.s. C’est pourquoi des groupes qui travaillent rarement ensemble se sont unis aujourd’hui dans l’action. De plus, beaucoup d’entre nous s’opposent à l’utilisation de la peine de mort en général. »

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