A propos de l’appel « contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire », André Dréan

Suite au sabotage de la présentation du livre d’Alexis Escudero, « La reproduction artificielle de l’humain », au dernier Salon des éditions libertaires de Lyon, en novembre 2014, est sorti, en réaction, l’appel intitulé « Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire ».  Réponse d’André Dréan, décembre 2014.

A mon avis, la tentative de sabotage était compréhensible et même prévisible. Contrairement à ce qu’affirme l’appel, elle n’est pas tombée du ciel, comme quelque tourmente imprévue et incompréhensible, due à des poignées d’hystériques. Elle a été précédée par des polémiques, à Grenoble et ailleurs, contre les thèses et les attitudes autoritaires portées par « Pièces et Main d’Œuvre » (PMO), que l’appel ne mentionne pas. En ce qui me concerne, je connais depuis longtemps les positions des animateurs de PMO, Yannick Blanc en tête. Y compris celles relatives à la PMA et à la GPA. J’ai déjà montré que, derrière la stigmatisation de la technoscience, y compris dans la variante biomédicale, présentée comme la clé de voûte sans pareille de la domination, PMO manifeste de l’hostilité envers la remise en cause globale du monde du capital et de l’Etat. Les exemples abondent depuis la création du site et remontent même à loin en ce qui concerne Blanc. J’ai déjà fait circuler des lettres et des textes dans ce sens, disponibles actuellement, en partie du moins, sur « Non Fides ».

Pour en revenir à Escudero, à la lecture de « La reproduction artificielle de l’humain », j’ai retrouvé les thèmes que j’avais déjà critiqués en 2013 dans « Hervé Le Meur ou la faillite de l’écologie à prétention radicale ». Le texte de Le Meur « Faut-il changer la nature de la filiation ? » mis en cause fut édité par le même PMO, à la suite de « L’Ecologiste », créé et financé par Teddy Goldsmith, de sinistre mémoire écofasciste, texte auquel Escudero n’a rien d’essentiel à reprocher. De plus, celui-ci appelle à la rescousse Jean-Claude Michéa, en citant l’interview donnée par le philosophe de bazar au penseur traditionaliste Claude Rochet :
« Certaines réformes représentent, à coup sûr, un véritable progrès. Une fois admis, par exemple, que l’orientation sexuelle d’un individu n’a rien à voir avec son degré de décence personnelle (…), ce serait un progrès humain évident que de proposer un nouveau pacte d’union civile accordant à tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle, les mêmes droits protecteurs (notamment en matière de séparation ou de décès de l’un des conjoints) que ceux qui sont garantis par le mariage traditionnel. À partir du moment, en revanche, où l’une des fonctions anthropologiques de ce mariage traditionnel est d’organiser officiellement la filiation (et, à travers elle, un nouveau système de parenté entre deux familles à présent alliées) il était clair que la volonté politique de substituer au projet d’un véritable “pacte pour tous” celui – purement libéral – du “mariage pour tous”, allait faire surgir aussitôt des problèmes connexes, comme la “procréation assistée”, la “location” de “mères porteuses” ou l’élargissement du “marché de l’adoption”. Ce n’est qu’à partir de ces problèmes qu’il est possible de comprendre qu’avec cette revendication libérale du “mariage pour tous” il s’agissait beaucoup moins – pour la gauche – de lutter contre l’“homophobie” que de déstabiliser un peu plus tout ce qui, dans l’organisation familiale existante, fait encore obstacle au déchaînement des rapports marchands (la famille est, en effet, l’une des dernières institutions où la logique du don prend encore le pas sur celle de l’échange économique). »

Le discours de Michéa, repris par Escudero, repose sur l’apologie des valeurs de l’Etat nation à la française, telles qu’elles furent formalisées, pour l’essentiel, dans le code Napoléon, en particulier dans les articles de loi relatifs à la famille. Bien entendu, les législateurs actuels ont supprimé du code ce qui n’était plus acceptable, en particulier les lois relatives à la coercition envers les prétendues déviations sexuelles. Michéa propose donc de formaliser encore plus la chose. Mais le reste, à savoir la filiation, il n’est pas question d’y toucher. Elle relèverait, non pas du social et de l’étatique, mais de quelque chose de presque naturel. Il y va de la sûreté de l’Etat, dans la formule de Michéa, le pourfendeur officiel du prétendu « libéralisme libertaire ». Ce qui revient, dans la France d’aujourd’hui, à faire rentrer par la fenêtre l’homophobie chassée, en principe, par la porte. Car, dans l’esprit de bon nombre de nos concitoyens, les homosexuels restent en partie des pervers, pire des pédophiles en puissance. Donc, pas question de leur permettre d’approcher des bambins, encore moins d’en adopter. L’idée qu’ils puissent avoir de l’affection pour eux, sans quelque arrière-pensée sournoise, nos braves citoyens, y compris nombre de ceux et de celles qui votent Hollande, sont presque incapables de la comprendre. De telles apologies de la famille, en pleine décomposition d’ailleurs, et de l’Etat, ne pouvaient que rencontrer des échos favorables sur le site du « Figaro », qui conseille avec chaleur de lire « les remarquables travaux de PMO, groupe anarchiste grenoblois, sur l’artificialisation de la reproduction. Décapant ! » Les tardives dénégations d’Escudero, affirmant qu’il n’est pas homophobe, n’y changent rien. Il a eu, en fonction de ses prises de position, la reconnaissance qu’il mérite.

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Après avoir lu de telles insanités, je suis allé à la réunion d’Escudero à Paris qui précéda, en octobre 2014, sa tentative de prestation au salon de Lyon, avec la ferme intention de la saboter, au moins par la parole, ou peut-être par des moyens moins débonnaires. Ce qui fut réalisé en partie par diverses personnes, pancartes à l’appui. La librairie fut décorée par des graffitis bien sentis, dans le genre « PMO, homophobe, dégage ». Escudero ne mérite pas d’autre accueil compte tenu de ses prises de position, y compris en faveur de Michéa, réaffirmées à Paris, et de ses attitudes répétées, dans la veine de PMO, faites de mépris envers les interlocuteurs, d’amalgames et d’intimidations du genre : « Ceux et celles qui ne partagent pas mes positions sont des gens qui ouvrent la porte au transhumanisme. » J’en passe et des meilleures, rappelées dans le dernier numéro de la revue « Timult », éditée à Grenoble. De tels procédés, qui n’ont rien à envier aux pires traditions marxistes-léninistes, relèvent de l’autoritarisme et du désir d’entraver la moindre discussion sur le fond. La revue critique d’ailleurs le transhumanisme, « la transgression au service du pouvoir », sans faire la moindre concession aux dérives réactionnaires d’Escudero.
Comme signalé en introduction, l’appel de Lyon passe sous silence les critiques faites à PMO depuis des années, en particulier celles effectuées par « Timult » au cours des deux dernières, dans la foulée de la sortie du texte de Le Meur. Y compris celles relatives à l’homophobie larvée de PMO. En l’occurrence, nombre de signataires de l’appel, je pense en particulier à ceux qui participent à la revue « Temps critiques », ne peuvent plaider l’ignorance puisque, par mes soins, ils ont pris connaissance, parfois depuis dix ans, des prises de position de PMO. Ils rééditèrent même des textes de mon cru allant dans ce sens, tels que « La société industrielle, mythe ou réalité ? ». Textes déposés à la librairie libertaire « La Gryffe », coorganisatrice du salon, et diffusés dans la région. Comme à l’ordinaire, la célèbre « liberté d’expression » est à géométrie variable.

Dans l’appel de Lyon, comme dans le texte d’Escudero, les auteurs possèdent leur « bonne » lesbienne, en la personne de Marie-Jo Bonnet, qui serait le gage de leur absence d’homophobie. Ainsi, Jacques Wajnsztein, de « Temps critiques », correspond avec elle, via le blog de la revue, histoire de marquer « les convergences ». Ce qui ne m’étonne pas. Car, derrière l’approche universaliste d’origine hégéliano-marxiste qui constitue le fil directeur de son livre sur le « genre », approche critiquée dans nombre de textes depuis des décennies, y compris les miens, il défend pas mal de positions conservatrices, parfois même étatistes à la française, déjà analysées dans « La faillite de l’écologie à prétention radicale ». Entre autres perles destinées, à ses dires, à barrer la route au « culturalisme », il affirme que « être enceinte lie indissolublement parenté biologique et sociale ». Décidément, la croisade de Michéa contre le « libéralisme libertaire », entamée par le stalinien Clouscard, hostile à la « révolution du désir », dès les années 1970 et reconduite par Alain Soral, n’a pas fini de faire parler d’elle !

Pour en revenir à Bonnet, elle n’a plus grand-chose à voir avec la créatrice des « gouines rouges » de l’époque du FHAR mais tout de l’historienne confortablement installée dans son siège universitaire, capitalisant sur son passé sulfureux. Ce qui peut fasciner des dames patronnesses en quête de quelques sensations fortes. Du moins sur le papier. Je n’ai pas lu « Adieu les Rebelles » mais ses interviews, y compris dans « Le Figaro », version magazine, décidément incontournable, sont plus que douteux. Au nom de la critique facile de l’extension de l’institution du mariage et de la GPA, elle affiche, de manière assez subtile, des positions conservatrices. Ce qui explique l’intérêt que lui porte la presse bien pensante. Sur son blog, Wajnsztejn tente de justifier l’injustifiable, de façon embarrassée, en supposant « qu’aucun autre grand journal » ne l’aurait interviewée. « Argumentation » qui rappelle l’époque des faurissonnades. Pierre Guillaume disait alors qu’il fallait «  mettre de notre côté » Robert Faurisson, sinon « il ira chez les fascistes ». Ce qui était déjà fait, pour l’essentiel, dans les coulisses et même dans des publications comme « Défense de l’Occident », animée par le nazi français Maurice Bardèche, auteur de livres négationnistes sur les chambres à gaz dès les années 1950. C’est Guillaume qui s’est retrouvé à « Radio Courtoisie », à la fête du Front national et à la messe, à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, repère d’intégristes, pour l’enterrement de Bardèche.

Bien entendu, je ne suis pas en train de traiter Wajnsztejn, entre autres personnes initiatrices ou signataires de l’appel de Lyon, de cryptonazis. Par contre, j’affirme que les justifications trouvées à Bonnet me rappellent de désagréables souvenirs lorsque, toujours sous prétexte d’universalisme hégéliano-marxiste, les néobordiguistes à la Dauvé facilitaient l’apparition d’accointances suspectes. Ce qui est aussi arrivé à René Riesel, au nom du caractère prétendument universel de la critique de la « société industrielle », il y a quinze ans, avec Goldsmith. Voir ma « Lettre ouverte à des amis anglais sur ”L’Ecologiste” ».

Bonnet participe au « Collectif pour le respect de la personne ». Sous prétexte de combattre la marchandisation du corps des femmes via la GPA, le Corp se place sur le terrain de la défense de la famille et de l’Etat. Il est reçu à l’Assemblée à titre de conseiller du prince. Sous la houlette de Sylviane Agasinski, prêtresse du « droit des femmes à disposer d’elles-mêmes » et référence institutionnelle d’Escudero, du beau linge y participe. Telle Marie Balmary, psychanalyste, qui fait l’apologie du monothéisme dans « La Vie ». Pour elle, « les religions sont gardiennes de la parole ». En particulier du sens du terme « mère », qui « dans toutes les langues de la Terre, veut dire : femme qui donne naissance à des enfants. » Propos qui relèvent de l’universalisme chrétien le plus vulgaire. Le Corp recycle aussi les thèses de l’Académie de médecine sur l’épigénétique. Elle permettrait, à ses dires, de faire fi des « illusions » des « sociologues » et des « anthropologues », et de défendre, encore, la filiation façon code Napoléon : « La femme qui porte le bébé et lui donne naissance est la mère », « elle est là pour le protéger et le lien ne peut pas être rompu », etc. Propos rapportés par Pierre Courbin, pédopsychiatre, conseiller dans diverses institutions d’Etat et membre du Corp. « Adieu les rebelles », en effet, Bonnet. Parlez pour vous et vos acolytes, adeptes de la sociobiologie. Laquelle est combattue depuis des décennies, y compris par des anthropologues atypiques comme Sahlins dans sa « Critique de la sociobiologie ». Pas la moindre critique du Corp chez Escudero, sinon pour signaler que le lobby accepte la PMA pour les couples hétérosexuels. Pour le reste, pas de problème.

Quelles que soient les critiques que je puisse faire à des lobbies LGBT, comme aux autres lobbies au-delà de leurs particularités respectives, je comprends les réactions épidermiques de «  mauvaises » lesbiennes envers Bonnet. Je parle ici de personnes hostiles à l’institutionnalisation de leurs révoltes, au lobbying et au pouvoir biomédical, symbolisé par la PMA et la GPA. Personnes qui n’existent pas, ou presque, dans le discours des signataires de l’appel de Lyon. Pas plus que dans leurs bouquins, à commencer par celui de Wajnsztejn. Ce qui montre que ces auteurs ne savent pas de qui et de quoi ils parlent et qu’ils réduisent, en idéologues, les positions des individus en question à celles de lobbies ou à des caricatures sur lesquelles ils s’acharnent. C’est tellement plus facile !

Depuis quelques années, la même Bonnet commence à être mal vue pour d’autres raisons encore. A cause de son bouquin, que j’ai lu récemment, consacré à la réhabilitation de « Violette Morris », célèbre « garçonne » de l’entre-deux-guerres, « scandaleuse » d’après elle, mais réellement collaboratrice. L’auteur ne nie pas que Morris a collaboré avec les nazis mais elle ergote sur le degré de l’implication de celle-ci à partir de détails invérifiables dans les témoignages archivés et dans les interrogatoires menés par les commissions d’épuration à la Libération. Commissions qui avaient pour consigne de s’en prendre exclusivement à quelques figures indéfendables, sous peine de « mettre en péril l’appareil d’Etat », selon les propres termes du Général. Bref, les archives, Bonnet les considère comme incomplètes, voire douteuses lorsque ça l’arrange, procédés classiques utilisés depuis belle lurette par les négationnistes.

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Elle tente de justifier Morris. La pauvre « garçonne » aurait collaboré parce que la IIIe République l’avait réprimée vu ses inclinaisons sexuelles. Parce que Vichy, c’était mieux : travail, famille, patrie ! D’après Bonnet, non, mais Morris aimait tellement l’aviation qu’elle n’a pu résister à l’appel d’air représenté par le poste de gestionnaire dans l’un des garages réquisitionnés par la Luftwaffe, avec pas mal d’opérations de marché noir à la clé. Y compris sur des biens juifs investis dans la construction d’avions, ceux du futur Dassault, par exemple, qui s’appelait encore Bloch. Je pourrais multiplier les exemples de la psychologie à deux balles à laquelle Bonnet fait appel pour déblayer le terrain à de nouvelles justifications du fascisme, à la sauce Faurisson. Bien sûr, sous le prétexte de ne pas croire sur parole l’histoire de l’Occupation revue et corrigée par les historiens officiels de la Libération. Lesquels, par leur apologie de la Résistance, en particulier stalinienne, sont effectivement critiquables. Mais nous n’avons pas eu besoin de Bonnet pour la faire depuis longtemps, la critique de l’idéologie et de l’histoire universitaire de la Résistance à partir, nous, de prémisses révolutionnaires !

Par contre, vu ses côtés nationalistes, le bouquin attire la sympathie de Patrick Gofman, passé du trotskysme au fascisme radiophonique de « Radio Courtoisie », puis à la presse de même obédience, représentée par « Rivarol », « Flash », etc. De même les criminologues qui dirigent « Criminocorpus » sont ravis : « À la croisée de ses travaux antérieurs sur le saphisme, et la Résistance en Normandie, Marie-Jo Bonnet ne pouvait qu’être séduite par le personnage ambigu de cette femme qui fut radiée des compétitions sportives pour son goût pour les tenues masculines. Athlète, pilote, gestapiste (?), Violette Morris n’avait suscité jusqu’alors que de mauvais livres fondés sur les représentations et des témoignages dont son étude et sa recherche démontrent les fragilités, contradictions et mensonges volontaires. S’il apporte donc beaucoup de précisions et rétablit quelques vérités en tordant le cou à des légendes, ce livre n’est encore qu’une étape vers une vérité qui doit pouvoir encore être approchée de plus près. » On a les amis que l’on mérite ! Mais Bonnet ne conclue-t-elle pas son bouquin sur la « scandaleuse » en affirmant : « Soixante-dix ans après la Libération, nous sommes entrés dans une nouvelle phase historique où nous pouvons peut-être ouvrir vraiment les yeux sur ce qui s’est réellement passé dans notre pays afin de l’accepter tel quel et d’assimiler l’expérience de nos parents et grands-parents. La réconciliation nationale ne peut se faire que dans la vérité. » La police française s’y connaît, en matière de collaboration et de réconciliation nationale. On comprend que ses historiens, à qui nous pouvons faire confiance en matière de négationnisme, apprécient l’œuvre de Bonnet.

Bonnet fait partie du gratin universitaire. Elle y a accédé, à la suite de bien des leaders contestataires des années 1970, lorsque les dernières lueurs de la poussée révolutionnaire de Mai 68 étaient éteintes. Son lesbianisme n’est plus que la feuille de vigne cachant son adhésion aux valeurs nationales de l’Etat hexagonal, sa participation à des lobbies auxquels le même Etat fait appel, etc. Elle est pourtant défendue, dans l’appel de Lyon, contre des personnes assimilées, parfois à raison et parfois à tort à la façon d’Escudero, à d’autres lobbies, LGBT en l’occurrence. Mais nombre de cosignataires ne se posent pas de questions, sans doute par copinage, par routine, par suivisme, par peur de l’atomisation, pour ne pas être sectaires, pour accepter les différences, etc. Quels que soient leurs motifs, je parie qu’ils ne se sont pas préoccupés de la teneur des polémiques diverses et variées que soulèvent les prises de position de Bonnet. Alors même qu’elle est présentée comme l’un des exemples emblématiques, dans l’appel qu’ils contresignent, des victimes de la présumée censure. Ce qui montre qu’ils manquent d’esprit critique, mais pas de préjugés républicains sur la « liberté d’expression », et qu’ils agissent comme si le label « libertaire » était suffisant pour dialoguer et partager des positions communes, par définition révolutionnaires.

Drosophyllum lusitanicum

Du côté des rédacteurs de l’appel, c’est encore plus grave. Parmi eux, il y a des personnes de ma génération, qui ne sont pas nées de la dernière pluie militante et qui prennent ici la posture de politiciens. Le terme est dur, mais bien adapté vu qu’ils défendent des formes, a priori libertaires, en escamotant pour l’essentiel la question du contenu. Pour être plus précis, celle des contenus qu’ils portent, entre autres dans leurs diverses publications. Diverses, divergentes même, au point que, souvent, elles n’ont presque rien, voire rien, de commun, ou même de proche, sur des questions essentielles, y compris celle de l’Etat, du nationalisme, etc. Ils font bloc contre l’ennemi commun présumé qui risque de mettre à mal leur image et la routine qui rythme les salons en question. Belle conception de l’activité et de l’association libertaire, en vérité.

En résumé, l’appel de Lyon me rappelle l’histoire du négationnisme en France. On y retrouve parfois les mêmes signatures, celle de Serge Quadruppani par exemple, qui brise encore des lances « contre la censure ». Je rappelle que Noam Chomsky s’était fait manipuler de la même façon par Guillaume, le maître d’œuvre de l’introduction du négationnisme aux couleurs du bordiguisme dans les milieux « révolutionnaires », au cours des années 1970. Tout est en place pour que le même genre de scandale éclate dans l’avenir lorsque, forts à l’appui des signataires, les gestionnaires de PMO apparaîtront sans plus de façon pour ce qu’ils sont déjà, après avoir mouillé des libertaires et assimilés, jouant le rôle « d’imbéciles utiles » dans leurs combines : des individus hostiles à la subversion du monde qui, à force de cynisme, de goût de la provocation, de recherche du pouvoir, d’obsession réductionniste, etc., pataugent dans des eaux nauséabondes, en jouant aux martyrs persécutés par d’épouvantables censeurs.

Ces paragraphes heurteront des connaissances et des amis, en particulier à Lyon. Mais je ne peux pas me taire face à ce que je considère comme des impostures. Mieux vaut rompre que tolérer la moindre relation avec PMO. Je m’en tiens donc à la règle que j’applique habituellement, comme l’Italien de la Renaissance : « Suis ton chemin et laisse dire les gens. » Pour le reste, aux individus embourbés dans de tels marécages à se déterminer par eux-mêmes et pour eux-mêmes. A condition qu’ils en aient le désir. Ce qui reste à prouver. Mais c’est la condition première pour que des rencontres, basées sur la liberté de critique et la recherche d’affinités effectives, puissent être fructueuses.

André Dréan
Fin décembre 2014

Pour correspondre, écrire à nuee93@free.fr

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