[actu] La « Manif pour tous » voudrait contrôler l’école

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Repris de la presse gaie bourgeoise Yagg. Publié le 29 septembre 2014.

À la rentrée 2013, la «Manif pour tous» avait incité les parents d’élèves à rejoindre des comités Vigi-gender ou à devenir délégué.e.s pour garder un œil sur les programmes scolaires et veiller à ce que l’égalité entre filles et garçons ne s’immisce dans les salles de classe. Dans la ligne de mire, les ABCD de l’égalité, alors en expérimentation dans plusieurs académies et aujourd’hui abandonnés au profit d’un plan d’actions pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école.

Outre la distribution de tracts devant les grilles des établissements scolaires, ces groupes avaient aussi entre autres fait naître une polémique autour de la diffusion dans les écoles du film Tomboy. Cette année, la mobilisation des anti-égalité n’a pas faibli et ils entendent désormais peser dans la balance à l’approche des élections des représentant.e.s de parents d’élèves qui ont lieu les 10 et 11 octobre prochains. Les représentant.e.s élu.e.s sont amené.e.s à participer à la vie de l’établissement et à donner leur avis sur le projet de l’établissement, le règlement intérieur, ou encore sur l’organisation d’activités complémentaires, éducatives, sportives ou culturelles. Farida Belghoul, à l’origine avec sa «Fédération nationale de parents engagés et courageux» des «journées de retrait de l’école», souhaite aussi rejoindre les sièges des délégué.e.s. Dès lors qu’ils ou elles seraient élu.e.s, des représentant.e.s issus de ces différentes groupes pourraient être en mesure de montrer leur opposition à des spectacles, des lectures ou des projections, ou même à des interventions d’associations telles que SOS homophobie ou le MAG Jeunes LGBT.

Les fédérations de parents d’élèves, qui déjà l’an dernier avaient été attentives à la progression aux abords des écoles de ces groupes en guerre contre l’égalité restent en alerte, et constatent que dans certains secteurs, ils pourraient effectivement trouver un écho favorable auprès de certaines familles: «Des listes pourraient passer dans des écoles et dans quelques collèges où la mixité n’existe pas forcément, où le climat entre parents et enseignants est tendu, explique Bruno Brisebarre, secrétaire départemental de la FCPE-Val-d’Oise, cité par Le Monde. Quoi qu’on leur dise, des familles continuent à craindre la théorie du genre.» Le travail de désinformation par la peur orchestré autour d’une pseudo «théorie du genre» pourrait donc porter ses fruits.

Repris de la presse gaie bourgeoise Yagg. Publié le 8 septembre 2014.

En Loire-Atlantique, l’organisation a envoyé un courrier aux 1048 chefs d’établissement.

Si la présidente de la «Manif pour tous Loire-Atlantique» France de Lantivy assure qu’elle n’a pas émis de «menace», elle a malgré tout envoyé un courrier intimidant aux 1048 chefs d’établissement de Loire-Atlantique en juillet, rapporte fRance Info.

TRANSPHOBIE
Le but? «Éveiller les équipes pédagogiques en disant attention, nous allons être vigilants aux ouvrages que vont manier nos enfants par votre biais, par rapport aux spectacles qui vont être donnés, aux films, à tous les outils pédagogiques parce qu’on dénonce cette théorie du genre qui pour nous est un mensonge», a-t-elle avancé. La lettre dénonce notamment la lecture de l’ouvrage pour enfants Tango a deux papas à une classe de moyenne section, ce qui serait «inacceptable».

L’homoparentalité n’est pas le seul problème de la «Manif pour tous» qui veut aussi taire l’existence des personnes trans’. «La théorie du genre, c’est quand on vient mettre un mensonge dans l’esprit des enfants en disant: “Tiens, voilà, toi, petit garçon, en fait, tu n’es pas forcément un petit garçon, mais tu peux aussi être une petite fille”», a expliqué France de Lantivy. D’après son compte Twitter, celle-ci a milité contre la diffusion du film Tomboy dans les écoles et estime que la libre circulation des travailleurs/ses en Europe serait un complot du «lobby LGBT» pour imposer la reconnaissance de l’ouverture du mariage à l’ensemble du continent.

«FANTASMES»
Les responsables éducatifs locaux ont réagi à ce courrier en donnant tort à la «Manif pour tous». «Les enseignants n’ont pas à être sous surveillance, a répliqué William Marois, le recteur de l’académie de Nantes. Ils enseignent les principes de la République, loin des fantasmes développés dans ce courrier par quelques groupes.» Même position du côté de Thierry Chouquet, le principal du collège Salvador-Allende à Rezé, qui se dit «assez mécontent» d’avoir reçu un tel courrier. «On a le sentiment d’être sous une éventuelle surveillance en dehors de tout cadre légal. On a l’impression qu’il se passera quelque chose si ces organisations estimaient qu’on ne fait pas notre travail. Je serais bien incapable d’enseigner la théorie du genre et je pense que les enseignants de nos établissements, pour eux c’est quelque chose qui n’existe pas.»

Par Julien Massillon, presse gay mainstream

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