Texte en anglais trouvé sur le site anar britannique Libcom.org, dans sa rubrique « History », sous le titre « 1984-85: Lesbian and Gay Miners’ Support Group ».
La traduction a été réalisée par le Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannerisation (CATS) de Caen en septembre 2011. ablogm.com/cats/
Une courte histoire du Groupe Lesbien et Gay de Soutien aux Mineurs qui fut mis en place durant la grève des mineurs en 1984-85 et qui défia les préjugés portés par beaucoup de gens dans le mouvement ouvrier.
Avant la grève des mineurs il aurait été très difficile d’imaginer un minibus de mineurs grévistes circulant dans la vallée de Dulais en Galles du Sud avec sur ses portes et sur son tableau de bord un slogan disant :
« Ce véhicule a été donné par le Groupe Lesbien et Gay de Soutien aux Mineurs ».
En fait, en février 1985, il y avait 11 Groupes Lesbiens et Gays de Soutien aux Mineurs dans tout le pays. 6 d’entre eux ont répondu à notre enquête.
En décembre 1984, rien que le groupe de Londres avait réuni 11 000 £ grâce à un mélange de collectes dans les pubs, les clubs et les rues, de prestations, de fêtes et d’autres évènements. L’événement phare fut certainement le « Pits and Perverts gig» (littéralement le « concert des puits de mines et des pervers-es » NDT) à l’Electric Ballroom où Bronsky Beat était en haut de l’affiche et qui rapporta 5 650 £. Lors du concert David Donovan, un mineur des Galles du Sud déclara : « Vous avez gagné votre badge « Cole not Dole » (« Du charbon pas le chômage » NDT), et vous connaissez le sens du mot harcèlement, comme nous. Maintenant nous porterons votre badge sur nous, nous vous soutiendrons. Les choses ne changeront pas en une nuit mais maintenant 140 000 mineurs savent qu’il y a d’autres causes et d’autres problèmes. Nous savons pour les noirs, les gays et le désarmement nucléaire. Et nous ne serons jamais plus les mêmes. »
L’existence et l’activité des nombreux groupes prouvent que beaucoup de lesbiennes et gays soutenaient les mineurs. Comme le groupe de Southampton le remarquait dans sa réponse à notre enquête :
« Nos meilleures expériences furent de rencontrer des mineurs qui venaient en ville depuis Abercynon. Après être descendus ici de manière répétée et avoir rencontré des socialistes politiquement actifs, les voyant collecter de l’argent, de la nourriture et des vêtements et travailler d’une manière générale en soutien aux grévistes, leurs attitudes furent obligées de changer juste du fait de leurs propres expériences, parce qu’ils savaient que nous sommes justes des gens ordinaires, et des gens qui soutenaient leur lutte […] Ils ont dû changer beaucoup de leurs attitudes et comme cela a souvent été dit, les choses ne furent plus jamais les mêmes ».
Formation et activités
Les Groupes Lesbiens et Gays de Soutien aux Mineurs qui ont répondu à notre enquête furent formés plus tard que les autres groupes. Le groupe de Londres fut le premier à être créé en juillet 1984 et il démarra avec 11 membres. 6 mois plus tard, il était passé à 50. Répondant à notre questionnaire, ils et elles déclarèrent que la formation du groupe fut « l’un des développements les plus importants et positifs dans la communauté lesbienne et gay de Londres en 1984. »
Le Groupe Lesbien et Gay de Soutien aux Mineurs du Lothian (une région d’Écosse NDT) fut créé 2 mois plus tard en septembre 1984 avec 12 membres rassemblant chaque semaine 40 £ pour le centre gréviste de White Craige dans le Lothian de l’Est.
Les « Lesbiennes Contre les Fermetures de Mines », de Londres, suivirent en novembre 1984, impliquant plus de 20 femmes. Elles collectaient 50 £ par semaine pour le Groupe d’Action des Femmes de Rhodisia, à Worksop, et déclaraient : « Les activités des femmes dans la grève (les femmes des mineurs NDT) avaient évidemment une influence majeure sur nous ». Le soutien lesbien et gay aux mineurs a reçu une bonne couverture dans la presse de gauche et syndicale. À la « rencontre de la marge » des lesbiennes et gays, à laquelle participèrent 250 personnes, lors de la conférence du Parti Travailliste en octobre 1984, le NUM qui dominait la conférence*, envoya le message de soutien suivant :
« Nous soutenons les libertés civiles et la lutte des lesbiennes et des gays. Nous nous réjouissons des liens établis dans les Galles du Sud et ailleurs. Notre lutte est la votre. Victoire pour les mineurs. »
Et le Groupe de Soutien des Femmes de Notts, à qui le Groupe de Lesbiennes et de Gays de Londres « Soutenez Les Mineurs » avait donné 250 £ en décembre 1984, écrivait : « J’écris au nom du Groupe de Soutien des Femmes de Notts pour vous exprimer notre gratitude pour le soutien et la solidarité que vous avez montré en formant le Groupe de Lesbiennes et de Gays de Londres « Soutenez Les Mineurs ». Nous vous envoyons également notre solidarité totale et notre soutien dans la lutte contre toutes les formes d’oppression et de préjugés basés sur la sexualité. Nos luttes font parti, et sont des parcelles, du même combat. Nous vous sommes particulièrement reconnaissantes de nous avoir constamment tenu informées de vos activités et d’avoir contribué matériellement au soutien de groupes afin que la lutte puisse continuer jusqu’à la victoire. »
Cet article est repris du site web « Hayes People’s History » et peut être trouvé là bas.
Note du traducteur :
* Le NUM est le National Union of Mineworkers, le syndicat des mineurs participant à la confédération TUC, Trade Union Congress, le grand syndicat réformiste, social-démocrate anglais. Son poids politique au sein du Parti Travailliste, parti qui est historiquement l’émanation politique des syndicats anglais, était fort à cette époque.
Le NUM, contraint par sa base à entrer dans une lutte longue (un an de grève environ) et très violente, fit beaucoup pour freiner et finalement étouffer la lutte des mineurs, lutte qui se termina par une lourde
défaite ouvrière.