[actu] Fichage : Facebook contre les Drag queen

Drag queen Eva Stiletto applies make-up before a drag show in Tel Aviv

Publié le 18.09.14 par le média lgbt mainstream Yagg.

Deux représentant.e.s de Facebook ont rencontré ce mercredi 17 septembre à San Francisco des drag-queens, un membre du conseil municipal et des militant.e.s LGBT au sujet de l’exigence d’inscrire son «nom réel» sur le réseau social. Après que leur profil a été signalé, plusieurs personnes, dont des drag-queens, utilisant des pseudonymes ont vu leurs comptes supprimés. Facebook s’est engagé à rouvrir ces comptes, mais pendant deux semaines seulement. À l’issue de cette période, les personnes concernées devront soit utiliser leur identité civile, soit voir leur profil être transformé en «Page» destinée à accueillir les messages de fans.

«INACCEPTABLE»
«Même si à première vue, cela ressemble à un grand geste de soutien à notre communauté, c’est en fait totalement creux, a réagi sur Facebook Sœur Roma, des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Ils nous ont en effet offert la possibilité de retrouver nos profils pour les suspendre deux semaines plus tard et exiger que nous nous soumettions à leurs règles injustes et discriminantes, et si on refuse, ils les supprimeront à nouveau. C’est absolument inacceptable.»

Une autre rencontre avec des responsables de Facebook dont la date n’a pas encore été fixée doit avoir lieu. Sœur Roma se veut optimiste car elle a par ailleurs rencontré l’association des salarié.e.s LGBT du réseau social qui l’ont assurée de leur soutien et lui ont appris que la règle du «nom réel» était également débattue en interne. Mise en place depuis plusieurs années, cette règle répond au besoin de Facebook de «responsabiliser» les utilisateurs/trices. L’identité civile d’une personne a également une plus grande valeur marchande, ce qui n’est pas négligeable pour le réseau social passé maître dans l’art de vendre les données que ses utilisateurs/trices ont publiées, souligne le Wall Street Journal.

Les représentant.e.s du réseau social ont admis que depuis quelques semaines, les profils des drag-queens ont été particulièrement ciblés dans les signalements pour usage de faux nom. «C’est du harcèlement virtuel, s’est indignée Heklina, une autre drag-queen citée par le Bay Area Reporter. Au début, je voulais boycotter Facebook. Mais une journée après que mon profil a été suspendu, j’ai eu l’impression qu’on m’avait coupé une jambe.» Elle réclame le droit de ne pas utiliser son identité civile car elle a «une famille totalement folle» qui pourrait lui nuire.

«CAPRICE DE DRAG-QUEENS»?
Les personnes entendues par Facebook n’ont eu de cesse de faire valoir qu’il ne s’agit pas là d’un «caprice de drag-queens» comme l’a expliqué Sœur Roma, mais la revendication légitime de personnes dont le bien-être et la sécurité pourraient être menacées si elles utilisaient leur «nom réel». D’autant plus qu’un nom de scène n’a rien d’irréel: «Si Facebook voulait vraiment savoir si je suis réelle ou pas, il suffisait de regarder les centaines de photos de moi prises pendant mes spectacles», a réagi Heklina. Mais le réseau social se veut intangible: dans un mail, un porte-parole indique que «si des gens veulent utiliser un nom alternatif sur Facebook, plusieurs options sont à leur disposition, comme mentionner un pseudonyme sous leur nom, ou créer une page dédiée à leur identité alternative».

D’après le Wall Street Journal, 11,2% des profils Facebook existants ne correspondent pas à l’identité civile de leur détenteur/trice. Mais le réseau social met tout en œuvre pour vendre les données les plus précises et les plus exactes aux annonceurs. En 2014, cela devrait lui rapporter un peu plus de 9 milliards d’euros.

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